PRODUCTIONS PHOTOGRAPHIQUES DOCUMENTAIRES
Avec le soutien du Fonds Social Européen
 Les racines de l'espérance
photographe : Stéphane Lagoutte





Patricia, 51 ans, en fin de contrat aux Jardins de l’Espoir Meudon (92)

Petite, frêle, mais dotée une énergie à revendre, Patricia est en deux ans devenu un pilier des Jardins de l’Espoir de Meudon.
« C’est l’ANPE qui m’a proposé ce contrat. A cette époque j’attendais une formation. Ca ne m’a pas déplu. C’est à l’air c’est agréable, et c’est valorisant de voir pousser ce que l’on a planté. » Plantes aromatiques, légumes, fleurs… Patricia commente chacun des végétaux plantés dans ces 1 700 m2 des jardins de l’Espoir. Pudique, elle est bien plus loquace sur les plantes que sur elle-même… Pendant longtemps, elle a travaillé en usine. Puis le chômage. « Quand on n’est plus tout jeune, c’est compliqué de trouver un emploi. »
Elle en fait l’expérience, son mari aussi, qui, lui, vient également, mais sans contrat, de temps en temps, au jardin.
« Il est Japonnais. Il travaillait dans le tourisme », explique Patricia.
« Enfin, ça n’est pas facile non plus pour les jeunes. », soupire-t-elle. Ici, elle se sent bien. On respecte ses sautes d’humeur, car, reconnaît-elle « il y a les jours avec et les jours sans. Les jours sans, il ne faut pas m’embêter. »
Toutefois, elle est très bien intégrée dans l’équipe et initie parfois les autres, les nouveaux ou les plus handicapés. Comme Laurent, un bénévole de 42 ans qui l’aide de temps en temps et avec qui elle fait preuve de patience et d’indulgence.
« C’est enrichissant aussi le contact avec les autres, que ce soit les autres personnes en contrat comme moi, les bénévoles du jardin ou les gens du quartier. »
Comme beaucoup d’autres jardins solidaires, les Jardins de l’Espoir, constituent également un lieu de convivialité pour le quartier. Y sont organisés des classes vertes pour les enfants des écoles, des repas partagés avec les voisins des tours environnantes. Il arrive aussi que les collègues de strucutres identiques, comme le Jardin du Béton Saint-Blaise viennent partager un barbecue, l’été. Chacun met alors la main à la pâte, épluchant et cuisinant pour d’autres les légumes et fruits qu’il a passé tant de temps à faire pousser.
Toutefois, que l’on ne s’y trompe pas, un jardin d’insertion comme celui-là est aussi un lieu d’apprentissage. « J’ai beaucoup appris. J’ai notamment eu une formation sur le matériel : les coupe-haies, débroussailleuses, tronçonneuses, etc. Je peux les manipuler mais à condition que ça ne soit pas trop lourd. »
Cependant lorsque son contrat s’est terminé, fin novembre, elle n’était pas sûre de trouver un emploi dans cette branche.

« Dans les services espaces verts dans les mairies, ce n’est pas évident, et souvent les employeurs préfèrent les plus jeunes. J’ai failli faire un stage de 15 jours à Châtenay-Malabry dans une entreprise de bonzaïs mais ça n’a pas marché, sûrement à cause de mon âge. »
Pourtant avec ses longs cheveux châtains et sa façon de se tenir si droite, Patricia ne fait pas ses cinquante ans passés. « Oh mais je les ai quand même ! Je le sens aux douleurs d’arthroses. Enfin, je me soigne avec des trucs bio... »
A défaut de décrocher un emploi au vert, elle prendra « n’importe quoi pourvu que ce soit manuel. » Et, sur son temps libre, elle reviendra au Jardin de l’espoir, pour revoir les copains, et Claude le responsable.
« Dommage que les contrats ne durent que deux ans. Il faut laisser la place aux autres… » conclut Patricia.


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